par Marie-Claude LEVEL
Un mois passé à sillonner, en camping-car, les plaines, les montagnes, les villes, à la rencontre des Berbères dans ce pays accueillant et chaleureux.
À l’ouest la mer et ses plages de sable ocre, au sud le désert interminable, à l’est les dunes et notamment celle de Merzouga, une merveille de la nature.
À proximité de la vaste palmeraie du Tafilalet, oasis de la vallée et dans la province d’Er Rachida et dernière grande oasis avant les immenses étendues de sable du Sahara, se profilent non loin d’Arfoud et de Rissani les éblouissantes hautes dunes éternelles.


L’Erg Chebbi, seul erg saharien du Maroc, d’environ 22 km du nord au sud et 5 km d’ouest en est, nous fascine par ses couleurs changeantes allant du rouge au rose, puis à l’ocre, à l’orange et au bleu …et par son silence impénétrable.
On ne peut que succomber au charme du désert………

Traversée du Haut Atlas
Le Haut Atlas, surnommé « le toit du Maroc » est la plus diversifiée et la plus haute des chaînes du Maroc. Il culmine à 4.167 m au Jebel Toubkal. Frontière géographique, le Haut Atlas est aussi une frontière politique.
Les cols, Tizi n’Test, Tizi n’Tichka ou Tizi n’Telouet marquaient la limite du pouvoir central des dernières provinces où le Makhzen pouvait collecter l’impôt. Le Makhzen était en effet le nom du gouvernement du sultan du Maroc avant le Protectorat. Par la suite, ce terme a désigné un entrepôt fortifié, une sorte de magasin.
Au sud, dans le territoire des caïds Glaouis sur les terres nomades, c’était le pays insoumis, terre de dissidence où les structures tribales des Berbères dominaient. Les caïds du Glaoui ont été de tout temps les plus puissants seigneurs du Sud marocain. Leur pays, à cheval sur l’Atlas, était d’une prodigieuse richesse.
Aujourd’hui il est devenu une terre où les traditions et la culture berbères sont particulièrement vivaces.
Dès que l’on s’éloigne des axes goudronnés, on se retrouve hors du temps, invités sous une tente de nomades avec un excellent thé, à observer la beauté et la pureté des paysages.
Les gorges du Dadès
Dans la descente du col Tizi n’Test, après des passages plus que dangereux, on découvre des petits hameaux et notamment celui de Tin Mal. Ce hameau fut le berceau de la dynastie almohade, mouvement de religieux fondé au XIIe siècle. C’est de ce mouvement qu’est issue la dynastie éponyme d’origine berbère qui dirigea le Maghreb et l’Al Andalus entre le milieu du XIIe et le XIIIe siècle.
On ne peut passer à Tin Mal sans faire un détour pour y admirer la mosquée funéraire. Ce sont avec la mosquée de Casablanca les deux seules mosquées ouvertes aux non- musulmans. Mais, bien que ce soit un grand site de l’histoire marocaine, la mosquée de Tin Mal fut oubliée pendant plusieurs siècles.

Un peu d’histoire:
Au XIe siècle, Ibn Toumert, théologien rigoriste, fondateur de la dynastie des Almohades, part en pèlerinage à la Mecque. Il en revient convaincu de la nécessité de renverser les sultans almoravides trop décadents. Ce sera le début d’une longue conquête qui s’achèvera pour le Mahdi (chef envoyé d’Allah) aux portes de Marrakech dans le nid d’aigle de Tinmel d’où il avait lancé la guerre en 1118 et où il repose.
Son successeur, Abd al Moumen Ibn Ali entrera dans Marrakech, renversera les Almoravides et terminera ses conquêtes dans le Califat de Grenade. Il donnera au Mahdi un mausolée dans le village de Tinmel et y fera ériger la mosquée ……
Au fil des siècles, après la chute des Almohades, la mosquée tombe en ruine et ce n’est qu’au XXe siècle qu’elle est restaurée.
Ses neuf nefs de cinq travées sont aujourd’hui à ciel ouvert, mais il reste quelques fragments de son plafond de cèdre.
La salle de prière a conservé d’élégantes coupoles à stalactites et son délicat mihrab (niche dans la muraille d’une mosquée et orientée vers la Mecque) construit dans le minaret.
Se promener dans ces allées à ciel ouvert, entre des arcs purs et dépouillés, admirer les quelques chapiteaux floraux et les décorations géométriques, c’est s’offrir un moment dans un autre monde.
Et soudain, dans le calme de cette mosquée, des images et des récits d’une autre contrée me revinrent à l’esprit. En effet, ce n’est pas sans rappeler les paysages cathares, leurs châteaux, leurs guerres, …à Tinmel, on change de religion mais l’histoire est de même nature.
Mêmes promontoires,…


…mêmes ouvertures vers le ciel,…


…mêmes sublimes couchers de soleil,…


…mais aussi, mêmes folies guerrières au nom de Dieu.
Le Maroc, ce pays froid au soleil de plomb, regorge d’une multiplicité de paysages, le nord très montagneux et verdoyant, le sud aride et désertique, l’ouest marin et touristique et l’est « saharien » !!! Envoûtant comme disait si bien Saint-Exupéry :
» J’ai toujours aimé le désert.
On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien.
On n’entend rien, et cependant quelque chose rayonne en silence. »
Et c’est près d’Agadir, là où se trouve la vallée du Paradis, que nous achevons cette année notre périple marocain. Le temps de faire le plein de miel, d’amandes, de dattes …sur cette fameuse route du miel, et nous voilà repartis, les yeux remplis des lumières de ce pays magnifique aux multiples contrastes, et le cœur encore sous le charme de ses habitants.
Mais, c’est sûr, l’an prochain, nous reviendrons !
Beau périple à travers ces paysages grandioses du Maroc que j’ai eu le plaisir de parcourir également et c’est vrai qu’il est difficile de résister à l’appel du désert, merci Marie-Claude.
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Quel beau périple, et je crois que vous avez choisi la meilleure façon de voyager dans ce type de région. Le camping-car, vous laisse libre dans votre programme et vous permet ainsi de faire des haltes plus ou moins longues auprès des habitants du désert. Pour avoir un peu « crapahuté » dans différents déserts, je partage pleinement, Marie-Claude ta fascination pour ces étendues de sable. On est attiré voire même aspiré par ce vide quasiment lunaire.
Merci pour cet article qui me rappelle tant de bons et beaux souvenirs…
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Merci beaucoup, Marie-Claude, de nous avoir fait partager votre voyage dans ces magnifiques contrées et donné un aperçu sur cette culture si différente de la nôtre et si intéressante. A lire la description de votre périple, on éprouve l’envie de se rendre là-bas pour éprouver soi-même la fascination des terres désertiques.
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Un si long et si riche voyage au Maroc que tu résumes en quelques photos, Marie-Claude… J’en aurais souhaité davantage ! Le rapprochement entre Tin Mal et Monségur m’a interpellée, il fallait y penser. Je souhaite que ton prochain voyage au Maroc soit aussi merveilleux que celui-ci.
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Une plongée dans ce Sud aux beautés insoupçonnées et changeantes. Une sorte de roadtrip dans les paysages désertiques et l’histoire berbère. A lire sans modération.
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Magnifique article qui me rappelle tous les passages que j’ai fait au Maroc. Du désert à pied à la visite du sud en voiture et une année où je suis allée à l’école et visiter le nord
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