Escapade architecturale à Vienne

par Daniel Sueur

La Présidente a bien insisté sur les conditions d’accès à ce site pour celui qui souhaite faire part de quelque découverte : il faut qu’il y ait du voyage dans l’air. Et comme je n’en manque pas et que je suis arrivé par les airs et que je pourrais parler d’architecture dès la descente d’avion (voir la tour de contrôle de l’aéroport de Vienne) Capture Aéroport

 

…je pense que j’ai une double légitimité pour évoquer dans le texte qui suit la magnifique église du Steinhof, située à quelques kilomètres au nord-ouest de la ville.

Située de nos jours au sein de l’hôpital psychiatrique de Vienne, appelé depuis Wagner Spital cette église est l’œuvre de l’architecte Otto Wagner

 

 

 

 

 

Mais resituons les choses dans leur contexte, qui est celui de la Sécession autrichienne.

 

La Sécession est un courant artistique qui s’est épanoui en Autriche, plus particulièrement à Vienne, entre 1892 et 1906.

 

 

 

Créé par Gustav Klimt et Carl Moll (peintres), Koloman Moser (designer) l’architecte Joseph Hoffmann et…

 

 

 

 

Otto Wagner, ce courant sera, par convention et a posteriori, rattaché à l’« Art nouveau » et au Jugendstil, vaste élan de renouveau des formes artistiques que connaît tout l’Occident à la fin du XIXe siècle.

 

La Sécession viennoise, avec sa devise, « à chaque âge son art, à chaque art sa liberté »

 

 

Photo8

 

possède néanmoins ses propres caractéristiques, manifestes, expositions et artistes, avec comme point d’ancrage Vienne, mais aussi Prague, Budapest, et d’autres villes de l’Empire austro-hongrois.

 

 

 

 

Otto Wagner est déjà célèbre à Vienne puisque dans le même temps (1905)

il entreprend la construction de la Caisse d’Epargne, première révolution architecturale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On notera la différence de style abyssale entre cette Caisse d’Epargne et le Ministère de la Guerre de style néo-classique, situé en face à 30 mètres et construit seulement une dizaine d’années plus tôt.
Pour Wagner « le réalisme de notre époque doit pénétrer l’œuvre d’art ». Il condamnait le voyage en Italie, couronnement classique des études d’architecture des Beaux-Arts, arguant du fait que les modèles italiens ne représentaient plus grand-chose pour l’homme moderne. Il fallait, au contraire, que le jeune architecte visitât  » les métropoles » et les « lieux où réside la beauté moderne »

L’église du Steinhof ou Saint Léopold est dans la droite ligne de cette révolution architecturale qui consiste à rompre résolument avec l’imitation des modèles anciens de la Grèce antique ou de la période de la Renaissance.

L’église est construite entre 1904 et 1907, en briques recouvertes d’un parement de plaques de marbre blanc de Carrare fixées par des boulons en cuivre.

 

 

Voici la façade précédée d’un portique constitué de quatre colonnes supportant un auvent en métal vert et or.

Les colonnes sont surmontées par les quatre anges en bronze aux ailes dressées et dorées, qui ont été réalisés par Othmar Schimkowitz.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leurs robes sont ornées de motifs géométriques typiques de la Sécession,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La façade, ornée dans sa partie supérieure d’une alternance de croix et de guirlandes dorées, est sommée d’une puissante corniche en saillie, au-dessus de laquelle s’élancent deux tours carrées portant les statues en bronze de Saint Léopold et de saint Séverin

La croisée du transept est surmontée d’un dôme recouvert de tôles de cuivre doré.

 

 

 

La structure est néo-classique, l’organisation de l’espace évoque la Renaissance palladienne, mais on est aussi manifestement dans le baroque.

 

Oublions un instant que l’aménagement intérieur répond à des exigences strictes d’un espace de culte réservé à des malades en psychiatrie – par exemple, le sol est légèrement en pente pour récupérer facilement les urines des malades incontinents ! – pour admirer ce magnifique mélange de lumières, de formes et d’espaces.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les superbes vitraux et les mosaïques sont de Koloman Moser.Certains de ces vitraux sont exposés au musée Léopold de Vienne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église fut inaugurée en 1907 en présence de l’Archiduc Louis-Ferdinand (celui qui se fera assassiner à Sarajevo en 1914). Arrivé à bord d’une grosse cylindrée, hautain comme à son habitude, il exprima sans détour son rejet de l’architecture de l’église en regrettant qu’on soit sorti des schémas classiques de construction pour les lieux de cultes, plus propices, selon lui, au contact avec le divin.

 

2 commentaires sur “Escapade architecturale à Vienne

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  1. Merci, Daniel, pour ta splendide visite guidée de l’église St Léopold et tes explications sur la Sécession viennoise avec de très belles photos à l’appui. Effectivement, quoiqu’en ait pensé l’Archiduc François Ferdinand en 1907, ce lieu de culte hors du commun vaut bien le détour!

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