par Daniel SUEUR
Après avoir visité Pompéi au pied du Vésuve,
on se rend à Capri,
en longeant la côte sorrentine,
du nom de Sorrente, d’où l’on embarque sur un bateau rapide
pour, quelque vingt minutes plus tard, aborder cette île au goût de paradis sur terre et l’un des premiers points d’établissement des colonies grecques au VIIIe siècle avant notre ère.
Nous détaillerons peut-être dans un autre article les charmes de cette île mythique pour nous intéresser aujourd’hui à l’un de ses célèbres habitants.
C’est en effet à Capri que vécut, pendant les treize dernières années de sa vie, le peintre Karl Wilhelm Diefenbach (1851-1913),considéré comme un représentant indépendant du symbolisme.
Ses débuts dans l’existence peuvent être considérés comme classiques : son père est professeur de dessin dans la ville d’Hadamar, dans l’Etat de Hesse, et Karl manifeste très tôt une forte inclination pour le dessin et la peinture.
C’est au contact d’un parent éloigné, prêtre catholique, que le jeune artiste va se tourner vers un mysticisme qui va marquer toute son existence. A une époque où l’Allemagne est en pleine révolution industrielle et où l’armement du pays est une priorité, Diefenbach s’invente une philosophie artistique et existentielle qui le conduit à un modèle de vie fait d’ascétisme et de renoncement au superflu.
Il devient végétarien, prône le nudisme et l’antimilitarisme. Pour lui, l’art ne peut se développer qu’à travers une vie exemplaire. Vie dans la nature sous la caresse du soleil, critique de la médecine traditionnelle, refus de l’alcool et du tabac, entretien du corps par la gymnastique. Le message de Diefenbach a du succès auprès des jeunes,
alors qu’il est vilipendé dans les medias : pervertisseur de la jeunesse, fou et fauteur de trouble. Ses prêches sur une philosophie d’autoréalisation mystique et de respect panthéiste de la nature le conduisent même pour un temps en prison.
En 1897, il fonde la communauté Humanitas.
Après bien des vicissitudes, il décide de se retirer en 1900 sur l’île de Capri, où il sent qu’il pourra le mieux mettre en pratique son mode de vie et exercer son art. C’est là qu’il créera l’essentiel de son œuvre, regroupée au musée de la chartreuse San Giacomo
Deux types de réalisations s’y côtoient :
– des toiles de grande taille, (souvent plus de 4 X 1,40m) de style symboliste, manifestant les préoccupations existentielles de l’artiste, et de charmants dessins d’enfants paraissant évoluer dans un monde éthéré et libre de toute contrainte.
Article très intéressant sur un artiste hors du commun et assez peu connu. Merci, Daniel, de nous avoir donné envie d’en savoir plus sur ce personnage étonnant.
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