
Par Alain Lavelle
L’association Arts et Voyages a eu le plaisir de recevoir Frédéric Vitoux le 18 mai, à Saint-Léon-sur-Vézère. En présence d’une trentaine de personnes ayant eu le courage de braver une pluie battante, l’écrivain, dans une verve flamboyante empreinte de culture et d’humour, nous a présenté un panorama des gens de lettres du Paris de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Frédéric Vitoux dans son dernier livre, L’Express de Bénarès, nous fait part de sa fascination pour Henry Jean-Marie Levet. Ce poète méconnu, étoile filante de la poésie de cette période, mort à 32 ans, nous introduit dans le Paris des écrivains, poètes, caricaturistes, peintres et journalistes de Montmartre. En compagnie de Léon-Paul Fargue, écrivain, et Francis Jourdain, peintre-graveur et lithographe, le jeune aède, originaire de Montbrison, dégingandé et fantasque aux tenues et casquettes excentriques, nous promène dans les rues, les bistrots, les restaurants et les cabarets de Montmartre à Montparnasse.
Admirateur de Rimbaud et de Mallarmé, il nous entraîne dans ses voyages réels ou imaginaires marqués du sceau de l’exotisme.
À la suite de Frédéric Vitoux, je ne peux résister à la tentation de reprendre trois strophes tirées du triptyque de Henry J.-M. Levet: Cartes postales, Sonnets torrides, Voyages :
« L’Arnaud-Béhic (des Messageries Maritimes)
File quatorze nœuds sur l’océan Indien…
Le soleil se couche en des confitures de crimes
Dans cette mer plate comme avec la main … »
Ou encore :
« On se souvient de la chapelle des Goyaves
Où dorment deux mille dimanches des Antilles,
De la viduité harmonieuse du Havre
Et de la musique, du temps vieillot des résilles… »
Et enfin :
« Ni les attraits des plus aimables Argentines
Ni les courses à cheval dans la pampa,
N’ont le pouvoir de distraire de son spleen
Le Consul général de France à la Plata !… »
Mais au-delà d’Henry Jean-Marie Levet, Frédéric Vitoux nous emporte dans un tourbillon de noms illustres de la littérature française et mondiale, complétant ses propos par l’évocation de quelques peintres et écrivains célèbres ayant arpenté le pavé parisien : Gide, Céline, Proust, Valéry, Joyce, Saint-John Perse, Larbaud, Aragon, Dos Passos, Cendrars, Hemingway, Morand… Picasso, Villon, Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vallotton, Steinlen… Ces maîtres de l’Écriture et ces maîtres de l’Affiche ont laissé leur trace indélébile sur le XXe siècle.
Répondant aux questions du public, l’orateur a évoqué sa passion pour les chats, auxquels il a consacré un livre devenu classique, ainsi que son élection à l’Académie française.
Le pot de l’amitié a clôturé cette belle rencontre au cours de laquelle Frédéric a pu échanger avec les participants et dédicacer dans la bonne humeur de nombreux ouvrages, notamment L’Express de Bénarès, Au rendez-vous des mariniers, Le Dictionnaire amoureux des chats et La vie de Céline.
Un grand merci à Frédéric et à Nicole, son épouse érudite, pour ce moment de bonheur culturel.
Je regrette de n’avoir pas pu etre parmi vous pour cette belle rencontre avec Frédéric Vitoux. Ce n’est que partie remise puisque nous avons la chance de l’accueillir ainsi que son épouse au sein d’Arts et Voyages.
J’aimeAimé par 3 personnes
Un grand moment de culture et d’échanges, avec un de ces personnages qui, avec une approche très accessible, réussit à vous emporter dans un autre univers, pour le découvrir ou le redécouvrir.
Merci Alain pour ce fidèle « compte-rendu » qui nous fait si bien revivre ces instants de bonheur.
J’aimeAimé par 3 personnes
Ce fut vraiment une belle mais trop « Brève Rencontre » : tout simplement MERCI, Monsieur et Madame Vitoux, d’avoir fait le voyage depuis les rives de la Seine jusqu’à la berge de la Vézère !
Au sujet des deux derniers ouvrages de M. Vitoux (Au rendez-vous des Mariniers et L’Express de Bénarès), j’ai particulièrement apprécié que l’auteur s’appuie sur un endroit réel (ici, un restaurant) puis sur personnage réel (là, un poète) pour nous immerger dans l’intense vie culturelle parisienne d’abord au cours de la première moitié du 20e siècle, puis à la fin du 19e siècle. C’est un véritable travail d’historien que M. Vitoux nous propose après avoir mené avec passion des enquêtes minutieuses dont nous savourons les fruits.
J’aimeAimé par 2 personnes