par Claudine Fasan
Poursuivons ce voyage et allons à la découverte de … VERONE
Au milieu des méandres de l’Adige et entourée de collines, Vérone est assurément la plus belle ville d’art de Vénétie après Venise. Le long des places et des rues se retrouvent des siècles d’histoire où alternent vestiges romains, églises médiévales et palais de la Renaissance. D’ailleurs n’appelle-t-on pas Vérone la « Petite Rome » ?
Colonie romaine sous l’Empire, la ville fut convoitée par les Ostrogoths, les Lombards et les Francs. C’est sous la seigneurie des Scaligeri, qui régnèrent pour le compte de l’Empereur de 1260 à 1387, qu’elle connut son apogée. Elle passa ensuite sous la domination des Visconti de Milan avant de tomber en 1405 sous la tutelle de la république de Venise. Occupée par les Autrichiens en 1814, elle fut rattachée à l’Italie en 1866 avec la Vénétie.
Vérone est idéalement située entre le lac de Garde, le Basso Veronese, la Lessinia et la Valpoliccella.
Les peintres de Vérone ont développé un art gothique alliant la souplesse de la ligne à la préciosité du détail. Pisanello est le peintre le plus remarquable de l’époque véronaise.
Mais Vérone fut aussi le cadre de la tragédie de Shakespeare qui met en scène les amours contrariées de deux adolescents – Roméo et Juliette – issus de familles rivales. Le drame eut lieu en 1302, à l’époque où la ville était en proie aux luttes intestines opposant les guelfes auxquels appartenaient les Montaigu et les gibelins, parti des Capulet.

Les Arènes représentent le deuxième plus grand amphithéâtre du pays et peuvent contenir sur ses 44 étages de gradins quelque 25 000 spectateurs.
Bâties au début du premier siècle après J-C, elles accueillent depuis 1913 concerts et opéras. En août 1947 Maria Callas y interprète son premier grand rôle dans La Gioconda de Ponchielli.
L’ensemble est constitué de blocs de marbre rose, de silex et de briques agglomérés.
Les Arènes offrent un panorama vertigineux sur la scène, la ville avec son cadre de collines et, par temps clair, sur les Alpes.
Notre promenade se poursuit et bientôt apparaissent le Castelvecchio et le Ponte Scaligero.
Ce bel ensemble fortifié, construit en 1354 par Cangrande II, est relié à l’autre rive de l’Adige par le Ponte Scaligero, bel exemple d’architecture militaire du XIIIe siècle. Le château est constitué de deux parties séparées par un passage que commande un donjon. Le Castelvecchio abrite le Museo di Castelvecchio, brillante œuvre de la muséologie moderne due à l’architecte Carlo Scarpa.
Plus loin, la très jolie Piazza delle Erbe, colorée et animée les jours de marché, accueille les visiteurs. Elle fut un ancien forum romain et a toujours belle allure avec ses palais et ses maisons cossues aux décors très variés composés de briques rouges, colonnes ou statues baroques…
Dans l’axe central s’alignent la colonne du Marché, le » Capitello » ou « Tribuna » (XVIe), tribune où étaient lus les décrets et les sentences, la fontaine de Madonna Verona surmontée d’une statue romaine personnifiant la ville et la colonne St Marc (1523) portant le lion ailé, emblème de Venise.
Autour de la place palaces et maisons anciennes ornés de fresques composent un cadre séduisant avec le palais baroque Palazzo Maffei, richement décoré de colonnes de marbre et de statues de dieux grecs.

La vieille ville, intimiste, se parcourt à pied, et de ruelles en placettes on peut admirer les maisons avec leurs façades colorées (ocre, jaune, rouge) et ornées de balcons raffinés.
Par endroits les murs portent encore les traces de fresques qui valurent à Vérone le surnom de « la ville peinte ».
La maison de Juliette aurait appartenu aux Capulet et dans la cour intérieure du palais se trouve le célèbre « balcon de Juliette ».
Mais poursuivons notre balade et découvrons la Piazza dei Signori ou Piazza Dante. Cette élégante place a l’aspect d’un salon en plein air.

La place des Seigneurs est le centre historique de la ville.
Cette place fut créée au Moyen Âge lors de la construction du Palais Scaligeri et joue depuis le rôle de centre politique et administratif de la cité.
Entourée de nobles palais la place était à l’époque médiévale le siège du pouvoir administratif.
Cette place est dominée par la Tour des Lamberti, la plus haute des environs. Elle fut érigée au XIIe et culmine à 84 mètres. Le panorama y est magique avec les toits de tuiles d’où dépassent les campaniles et les clochers sans oublier les Arènes et l’Adige que l’on découvre en second plan.
Au loin, la Tour des Lamberti, et au centre la statue de Dante érigée en 1865. Ce dernier passa, en effet, treize ans d’exil à Vérone.
A droite et en blanc, El Palazzo Domus Nova, construit au XIIIe siècle et rénové au XVIIe siècle lors de la chute des Scaligeri, arbore une belle façade néo-classique. Il fut la résidence des juges vénitiens.
En observant la vue générale de la place (cf photo plus-haut), on peut découvrir une large bâtisse jaune qui est la Loggia del Consiglio. Il s’agit là d’un élégant édifice vénitien de la Renaissance construit au XVe siècle accueillant aujourd’hui les réunions du Grand Conseil.
A côté, se trouve el Palazzo del Governo datant de la fin du XIIIe siècle. Il abrite la préfecture. Couronné de merlons et s’ouvrant par un beau portail classique (1533) dû à Sanmicheli, il fut la résidence des Scaligeri puis des podestats vénétiens.
En franchissant une arche de l’autre côté, le visiteur découvre l’ Arche scaligere. C’est là que les Scaligeri firent élever leurs tombeaux entre leur palais et leur église.

Les sarcophages portent les blasons de la famille avec l’échelle (scala) symbolique.
Ce sont d’élégants mausolées gothiques entourés d’une balustrade en marbre et décorés de scènes religieuses et de statues de saints.
Plus loin, l’église Sant’ Anastasia, débutée au XIIIe siècle et achevée au XVe, arbore une belle façade percée d’un double portail (XIVe siècle) orné de fresques et sculptures.
Cette église gothique dominicaine, située dans la vieille ville, est dédiée depuis 1307 à Pierre de Vérone, martyr et saint patron de la ville.

Vérone compte 39 églises.
La Basilique San Zeno est l’une des plus belles en matière d’art roman.
Elle fut édifiée en 806 et reconstruite au XIe siècle.
L’étonnant campanile du XIIe siècle alterne la brique rouge et le tuf blanc tandis que l’imposante façade arbore une immense rosace, deux colonnes portées par des statues de lions gisants et un fabuleux décor sculpté.
Le rétable de la chapelle principale est un chef-d’œuvre de la peinture italienne de la Renaissance : La vierge en Majesté de Mantegna.
Notre cheminement se poursuit vers le Duomo di Verona à la structure complexe. C’est la cathédrale du diocèse de Vérone, encore appelée Cattedrale di Santa Maria Matricolare.
Consacrée à la Vierge Marie, cette cathédrale remplace deux anciens monuments paléochrétiens dont l’un fut détruit en 1117 par un tremblement de terre.
Romane par le chœur, gothique par la nef, elle a été rehaussée d’une tour classique.
On y découvre un remarquable portail principal, de style roman lombard, orné de sculptures et de bas-reliefs du Maître Nicolo.
A l’intérieur, on admire notamment les piliers de marbre rose, la clôture du chœur en marbre due à Sanmicheli (XVIe siècle) et surtout une Assomption du Titien.
Nous poursuivons notre promenade et atteignons le Ponte Pietro.
Il s’agit d’un pont très romantique en marbre blanc et en briques traversant l’Adige. Construit par les Romains (Ier siècle), il fut détruit par les nazis en 1945 et reconstruit à l’identique.
C’est de là que le visiteur découvre le théâtre antique (l’un des mieux conservés au Nord de l’Italie, Ier siècle av. J-C.), adossé sur l’autre rive de l’Adige.
Ce théâtre, à la période estivale, accueille les grandes manifestations musicales et artistiques (pièces de Shakespeare, festival de jazz, ballets…).

Depuis le haut de la colline San Pietro, se dresse le castel du même nom.
C’est ici que se trouve l’ancien couvent San Girolamo (XVe siècle) où est installé le petit Musée archéologique présentant des œuvres de la Vérone romaine acquises par la commune au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Enfin, c’est depuis les soupiraux du musée que l’on peut contempler une vue magnifique sur Vérone.

Mais il est temps de quitter Vérone pour … PRAGLIA, et l’ABBAYE BENEDICTINE SANTA MARIA ASSUNTA
L’abbaye bénédictine de Praglia se situe au pied des Collines Euganei, à 12 km de Padoue, le long de l’ancienne route qui menait à Este.
Son nom vient du toponyme Pratalea : localité cultivée à prés.
La communauté compte 49 moines.
La fondation du monastère se situe entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle : de l’ancienne structure édifiée au Moyen Âge, il ne reste aujourd’hui que la tour du clocher. L’édifice actuel fut construit entre les XVe et XVIe siècles et comprend plusieurs cloîtres (cloître suspendu, botanique…), communiquant entre eux par différents espaces consacrés à la vie monastique.
Après les deux interruptions survenues au XIXe siècle – la première décrétée par Napoléon en 1810 et la seconde par la législation de la maison de Savoie en 1867 -, la vie de prière et de travail suivant la Règle de Saint Benoît reprend enfin à Praglia, le 26 avril 1904.
Toutefois, cette vie monastique faite de prières et de silence s’ouvre sur l’extérieur grâce à la culture de plantes officinales utilisées pour les préparations que l’on retrouve en vente à l’accueil.
Découvrons l’Abbaye sans oublier la règle de Saint Benoît :


Ecoute mon fils, les préceptes du Maître (Prol 1).
Les moines s’honoreront mutuellement avec prévenance ; ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d’autrui, tant physiques que morales ; ils obéiront à l’envi ; nul ne recherchera ce qu’il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l’est pour autrui ; ils s’accorderont une chaste charité fraternelle ; ils craindront Dieu avec amour ; ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ; ils ne préféreront absolument rien au Christ ; qu’il nous amène tous ensemble à la vie éternelle (72,4-12).
Quittons la quiétude du lieu monastique et poursuivons notre périple…en direction de Padoue
L’Italie terre des Arts et des amants ! On ne s’en lasse pas.
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Je suis ravie d’avoir redécouvert Vérone que j’ai visité en 2012 trop rapidement hélas et votre reportage m’a permis de retrouver la vieille ville et d’autres lieux que je n’avais pas eu le temps de voir.
Merci pour cet article sur cette belle italienne.
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On rêve et l’on s’instruit, c’est un beau périple, plein d’informations et d’histoires, au pays des amoureux!
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C’est avec un grand plaisir que j’ai relu la 2e partie de ce voyage en Vénétie. Merci, Claudine, pour cette magnifique visite truffée d’une foison de détails aussi intéressants qu’instructifs. Pendant ces semaines moroses de la pandémie, on aimerait volontiers y être!
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