Valparaiso, street art, cargo

par Alain LAVELLE

Amateur de voyages au long cours, des océans et des traversées en cargos, j’ai toujours rêvé d’aller à Valparaiso (Chili). Ville portuaire légendaire, fleuron du commerce maritime international à la fin du XIXe siècle, elle a été le plus important port marchand de la côte Pacifique d’Amérique du Sud reliant les océans Atlantique et Pacifique par le détroit de Magellan…

Florissante et opulente jusqu’en 1914, date de l’ouverture du canal de Panama, Valparaiso a perdu de sa puissance économique, mais pas de sa renommée. Le port, toujours actif, dépouillé de son attractivité rayonnante d’antan, reste néanmoins une étape maritime fréquentée. Pour autant, Valparaiso a conservé son charme, préservé son  magnifique patrimoine architectural, et gardé le parfum de l’aventure.

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En 2010, m’étant échappé avec difficulté de Santiago du Chili où je venais de vivre un violent tremblement de terre qui avait fait des victimes et des dégâts, je m’étais réfugié dans un petit hôtel de charme situé sur l’une des collines dominant la rade.
Dans l’attente de mon cargo, le Bahia Blanca de la compagnie Hamburg-Süd qui ne pouvait pas accoster, les quais ayant été endommagés, j’ai erré heureux pendant une dizaine de jours dans le quartier historique de Valparaiso et arpenté des heures durant le lacis des ruelles qui serpentent le long des collines sur lesquelles s’étendent les cinq quartiers entremêlés qui composent la ville.
Ville métisse et colorée, marquée par sa baie et son port, elle est le symbole même d’une métropole-monde qui porte dans ses gènes un caractère ouvert à l’immigrant et à la mondialisation. Sensible, créative elle a intégré les influences étrangères, notamment américaines, sans jamais perdre sa personnalité. Mélange de traditions avec ses vieux funiculaires, son tissu urbain, véritable labyrinthe, où se côtoient bâtiments monumentaux d’autrefois et habitations modestes aux formes surannées, la ville a aussi sa part de modernité avec ses universités, son économie positive et son bouillonnement culturel et artistique.
Dans mes vagabondages, j’ai été séduit par le nombre incalculable de graffitis et d’œuvres originales qui ornent les murs de la vielle ville. On en découvre des centaines, éclatants, originaux et aux motifs surprenants. Liberté et inventivité caractérisent ces peintures et ces dessins. Rien de conventionnel, ce sont des tableaux qui dégagent une vitalité et une imagination sans limites. Des couleurs aux formes, chaque représentation mérite une observation attentive.
Temple du street art, Valparaiso mérite le détour pour ses peintures échevelées et structurées, d’autant que cette atmosphère artistique se prolonge dans une ambiance musicale et bruyante dans de nombreux bars et tavernes de quartiers servant de galeries aux artistes anonymes.

J’ai fait des centaines de photos. J’en ai sélectionné quelques-unes pour éveiller la curiosité des amateurs de l’art de la rue et inciter au voyage

 

 

 

 

 

 

Mon séjour à Valparaiso est d’abord un moment de partage avec tous ceux qui rêvent d’horizons lointains où l’aventure humaine et artistique se confondent.
Gaie, accueillante, vivante et sensible à l’art sans préjugés, Valparaiso vous attend !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Bahia Blanca à quai au moment du départ.
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27 jours de mer avec escales pour rejoindre le port de Rotterdam.

 

 

 

 

 

Cabine confortable au 7ème étage du château.

Le commandant, un vieux marin anglais bougon et lunatique. L’équipage composé de Polonais et de Philippins est accueillant et sympathique. Je vais passer une partie de mon temps à la passerelle du pilotage avec l’officier de quart. Ces moments d’échanges et de découvertes de l’autre me plaisent. Ma devise « Ose l’ailleurs et la différence » a ici tout son sens.


En plein Pacifique, j’ai été témoin d’une fortune de mer. Par une forte houle, le Bahia Blanca a secouru un bateau de pêche en perdition qui dérivait depuis trois jours, ses batteries mortes, dans un océan tumultueux et venteux. L’abordage du chalutier, en douceur fut une épreuve de plusieurs heures. Positionner le cargo de 250 mètres de long de telle manière que le petit bateau de pêche de 25 mètre à peine puisse coulisser lentement le long de la coque afin d’être arrimé à la poupe à distance respectable, constituait une opération dangereuse pour les hommes et pour le matériel.

 

Elle se solda pour le bosco par un bras cassé et des dommages à la  proue du bateau de pêche.

Le cargo est un espace où discipline, professionnalisme et travail méticuleux se conjuguent naturellement.

Pendant la traversée, deux moments ont particulièrement marqué mon imaginaire.
Le canal de Panama et la baie de Cartagena d’Indias avec la vieille ville entièrement rénovée.
Le canal de Panama, œuvre monumentale, prouesse technique des hommes et paysages grandioses avec ses écluses et ses lacs intérieurs est un site que l’on ne peut oublier. J’ai eu une pensée pour Paul Gauguin qui a fait un court séjour en 1887 accompagné du peintre Charles Laval dans l’île de Tobago. Ils ont travaillé comme terrassiers pour la compagnie du canal. Des dizaines de milliers de travailleurs moururent. Les deux amis tombèrent rapidement malades : dysenterie, paludisme et chaleurs suffocantes. Ils quittèrent cet univers hostile pour la Martinique.

 

Au bord de la mer des Caraïbes, Cartagena d’Indias, ville portuaire de Colombie située sur la côte septentrionale du pays.

 

 

La ville a su préserver son héritage historique, restaurer son centre-ville au passé colonial et mettre en valeur sa baie, sa forteresse et sa place dans l’histoire de l’exploration du monde sud-américain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au cœur de la vielle ville, monuments, bâtiments anciens rénovés et sculptures diverses (notamment une statue de Botero) font de ce lieu un endroit inoubliable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un joli sourire d’Amérique latine

 

 

 

 

Quelques dessins de street-art

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Pour poursuivre le voyage, quelques livres :
– Guide du Routard Chili et île de Pâques (Hachette)
– Chili et l’Île de Pâques (Bibliothèque du Voyageur Gallimard)
– Guide touristique Petit Futé Chili, île de Pâques
– Street Art-Histoire, Techniques et artistes de DuccioDogheria
– Anthologie du Street Art de Magda Danysz
– Valparaiso : Chroniques d’un port mythique de Manuel Pena Munoz (l’Harmattan)
– Valparaiso de Sergio Larrain Texte de Pablo Neruda (Éditions Xavier Barral)
– Au temps du canal de Panama « l’histoire revisitée » de Nellu Dumochel (l’Harmattan)
– Petit Fûté Panama éditions 2017.
– Michelin Guide vert Colombie
– Le guide des voyages en cargo et autre navires de Hugo Verlomme et Marc-Antoine Bombail (Editions des Equateurs)

2 commentaires sur “Valparaiso, street art, cargo

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  1. Ce récit me fait revivre mon séjour Valparaisien avec beaucoup d’émotions et me donne envie de revoir ce port mythique

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