par Marie Fabry
Le land de Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz), dont la capitale est Mayence (Mainz), compte environ 4 millions d’habitants. Situé à l’ouest de l’Allemagne, c’est une région frontalière de 4 autres länder allemands et de 3 pays européens qui sont (en partant du nord et dans le sens des aiguilles d’une montre) : La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la Hesse, le Bade-Wurtemberg, la France, la Sarre, le Luxembourg et la Belgique (Wallonie).
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Notre excursion débute dans la petite ville d’Andernach, située sur la rive gauche du Rhin, à 20km au nord de Coblence. Aujourd’hui cependant, nous ne sommes pas venus pour visiter la ville, bien qu’elle soit une des plus anciennes d’Allemagne et vaille le détour, mais pour nous rendre au « Centre interactif du geyser ». Andernach se trouve en effet sur la bordure orientale du massif de l’Eifel volcanique.
Le Centre Interactif du geyser nous donne accès à de nombreuses explications d’ordres physique et géologique, sous la forme de panneaux muraux. En outre plusieurs mécanismes permettent aux plus (et aux moins) jeunes d’expérimenter de façon ludique les processus qui conduisent au jaillissement d’un geyser.
Nous commençons notre visite par des informations de nature géologique : La dernière éruption volcanique qui eut lieu ici il y a plus de 13.000 ans fut un véritable cataclysme. Elle contenait des coulées pyroclastiques et sa puissance fut cinq fois supérieure à la grande éruption du Vésuve qui conduisit à la destruction de Pompéi en l’an 79 après J.C. ! Les coulées pyroclastiques sont une partie des nuées ardentes, et sont situées à la base de ces dernières. Elles sont composées de gaz et de particules dont les dimensions peuvent aller du grain de poussière au bloc de magma de la taille d’une maison. Elles dévalent les flancs du volcan à une vitesse quelquefois supérieure à celle du son, et leur température est extrêmement élevée. Avant l’apparition des nuées ardentes il peut y avoir aussi une onde de choc telle qu’elle est en mesure de provoquer un tsunami.
Les coulées pyroclastiques peuvent donner naissance à des nuages pyroclastiques contenant des gaz et des cendres volcaniques. Vu leur température extrêmement haute, les gaz s’élèvent et les cendres retombent ensuite en pluie de cendres. Quand le nuage pyroclastique est rabattu au sol, sa haute chaleur et les gaz et cendres qu’il renferme provoquent alors des destructions effroyables auxquelles il est impossible d’échapper pour un humain.
Aujourd’hui encore une certaine activité volcanique subsiste dans la région. Des équipes spécialisées font constamment des contrôles sismiques car une chose est sûre : Les volcans se réveilleront, on ignore seulement encore si ce sera dans 10 jours, 10 ans ou 10 siècles. La preuve de cette activité volcanique est donnée par les nombreuses émissions de gaz, appelées mofettes, des sources d’eau minérale et des geysers d’eau froide.
Des geysers d’eau froide ? Cela paraît bien étrange. De quoi s’agit-il exactement ? L’aimable guide au Centre interactif du geyser nous l’explique :
La condition indispensable à l’apparition d’un geyser d’eau froide est la présence de dioxyde de carbone rejeté par des processus volcaniques et dissous dans les nappes phréatiques. Ces dernières s’enrichissent de plus en plus en dioxyde de carbone jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus en absorber. Habituellement le gaz est lentement et graduellement libéré soit sur une assez vaste superficie, soit sous la forme de mofettes dans le cas d’un espace réduit.
La formation d’un geyser d’eau froide, tout comme pour les geysers véritables, présuppose un canal d’évacuation de l’eau très étroit. Celui-ci est en règle générale artificiel et se produit lorsqu’un forage est fait dans une nappe phréatique riche en dioxyde de carbone et qu’il est ensuite tubé. Grâce à ce canal d’éruption la nappe d’eau souterraine est en contact direct avec la surface. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, le mécanisme d’éruption d’un geyser d’eau froide tient au fait que la solubilité du dioxyde de carbone diminue à mesure que la pression baisse. Lorsque la limite de solubilité est atteinte, le tubage permet au gaz de s’évacuer. L’eau devient effervescente et son niveau monte peu à peu pour finalement jaillir par l’orifice du tubage soit en jet, soit en fontaine. De ce fait la pression baisse de nouveau, le geyser disparaît dans le sol et tout le processus recommence. Le guide nous explique à la fin de son discours que pour imaginer un geyser d’eau froide, il suffit de secouer une bouteille d’eau minérale gazeuse et de l’ouvrir immédiatement après!
Dans notre cas, un premier forage de 343 mètres de profondeur avait été effectué en 1903 pour obtenir de l’eau minérale car on avait remarqué des bulles à la surface d’un ancien bras du Rhin. C’est là que le geyser fit éruption pour la 1ère fois et l’eau fut alors projetée à une hauteur de 40 mètres. Ce fut pendant des années l’attraction de la région mais le site se dégrada fortement au cours des ans pour être finalement fermé en 1957 grâce à une soupape d’arrêt. De nombreuses querelles s’en suivirent. C’est en mai 2005 seulement que la ville d’Andernach et l’Association pour l’Environnement et la Protection de la nature décidèrent d’un commun accord de refaire jaillir le geyser tout en respectant les exigences environnementales. Le site est en effet maintenant une réserve naturelle de 21 hectares. Depuis le 7 juillet 2006, le geyser d’eau froide peut de nouveau être admiré par les visiteurs. La nuit, par précaution, le puits foré est fermé par une vanne de protection.
Curieux et intéressés après toutes ces explications, il nous tarde d’aller sur place voir ce phénomène. Le geyser se trouve dans la presqu’île de Namedyer, située sur la rive gauche du Rhin à la hauteur d’Andernach. Pour nous y rendre nous prenons un bateau-navette.
Après une traversée de quelques minutes seulement, nous arrivons à destination. De nombreux touristes attendent déjà sur place le jaillissement du geyser.
Son eau provient d’un puits de forage de 350 mètres de profondeur. Chaque éruption dure environ 8 minutes. Puis le puits de forage se remplit d’eau et le processus recommence toutes les 100 minutes.



Le 9 novembre 2008, le geyser d’Andernach fut officiellement inscrit au Livre Guinness des records comme étant le plus haut geyser d’eau froide au monde.

Comme quoi, parfois, l’action conjuguée de la nature et de l’homme peut aboutir à la création de phénomènes qui, même s’ils ne sont pas des œuvres d’art à proprement parler, sont capables de provoquer une véritable émotion chez le spectateur.
Passionnant. Je n’avais aucune connaissance de ces geysers d’eau froide
Fabuleu !x
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Incroyable !
On se croirait en Islande !
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Extraordinaire
Je ne connaissais pas
Merci pour cet article
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Merci pour ces gentils commentaires. Je dois avouer que moi aussi ai été très surprise par le phénomène du geyser d’eau froide qui ne manque pas d’impressionner tous ceux qui le regardent « en action »
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Je connaissais les sources intermittentes mais je découvre, grâce à votre article, le plus grand geyser d’eau froide au monde ! Il y en a donc d’autres mais où ? et jaillissent-ils sans intervention humaine ?
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Intéressant, peu connu et est-ce que cela veut dire que les eaux naturelles pétillantes sont la résultante du même phénomène ?
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Il existe effectivement d’autres geysers d’eau froide, par exemple dans la localité de Wallenborn, en Allemagne, dans le massif de l’Eifel. Là aussi le ‘gaz propulseur’ est le dioxyde de carbone, mais il y a également des traces d’autres gaz comme l’hydrogène. Avant l’intervention humaine, le phénomène, comme le prouvent d’anciens témoignages, était connu sous la forme de mofettes périodiques. Puis en 1933 un forage de 38m de profondeur destiné à la production d’eau minérale avait conduit au rejet d’eau, de boue de forage et de gaz carbonique. Le forage avait été tubé, mais très vite le tubage avait été attaqué par les eaux agressives et en partie décomposé. Les gaz de la mofette continuaient alors à s’échapper par un bout de tuyau qui dépassait du bassin de la source. De nombreux oiseaux ont ainsi trouvé la mort en se perchant sur ce bout de tuyau. L’éruption actuelle sous forme de geyser n’a eu lieu qu’après de considérables travaux d’assainissement effectués en 2001. Contrairement au geyser d’Andernach, celui de Wallenborn jaillit sans contrôle ni outils techniques.
D’autres geysers d’eau froide se trouvent en Serbie (1) et en Slovaquie (2); en France nous avons les sources intermittentes de Bellerive-sur-Allier en Auvergne, des geysers d’eau froide existent aussi aux USA dans les Etats de l’Utah (5), du Wyoming (1), de Californie (2) et de l’Idaho (1). Il y en a également un à Caxambu au Brésil et un autre à Te Aroha en Nouvelle Zélande.
Les eaux pétillantes naturelles sont effectivement la résultante du même phénomène. Il s’agit d’activité volcanique; le magma en se refroidissant libère du gaz carbonique qui se retrouve dans l’eau minérale. Mais là aussi il y a des différences dans les eaux minérales du commerce. On trouve ainsi des eaux minérales naturellement gazeuses, des eaux minérales naturelles avec adjonction du gaz de la source et finalement des eaux minérales naturelles avec addition de gaz carbonique d’une autre source! De quoi se prendre la tête!
Sans parler des petits appareils futés avec lesquels on produit soi-même son eau gazeuse! Mais là, bien sûr, il ne s’agit plus d’eau minérale naturellement gazeuse.
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Impressionnant
Merci pour cette belle description
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J’ai eu la chance de voir les geysers d’eau chaude en Islande une merveille de la nature mais je ne connaissais pas ceux d’eau froide. Merci pour cette belle découverte.
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