Echourgnac: un voyage hors du temps

par Marie-Christine Barbé.

Le programme de la première escapade insolite d’Arts et Voyages annonçait pour l’après-midi du 1er juin :

ECHOURGNAC :
Abbaye cistercienne de Bonne Espérance.

De l’histoire de l’abbaye aux activités actuelles des moniales : rencontre

L’Abbaye de la Trappe de Notre Dame de Bonne Espérance est située en Dordogne, au cœur de la forêt de la Double parsemée de très nombreux étangs naturels ou artificiels.
Une route sinueuse à travers la forêt mène au village d’Echourgnac. On cherche l’abbaye, après le virage, un petit panneau l’indique et là, en position dominante et protectrice, l’abbaye, entourée d’autres bâtiments formant une sorte de hameau, se dresse sur le plateau dégagé .

Nous admirons le paysage vallonné et verdoyant, passons devant la statue d’un saint, Saint Benoît très certainement (mais nous reviendrons bientôt en ce lieu pour le vérifier). Nous rejoignons à l’accueil notre présidente qui est allée annoncer notre groupe.

Il est 15h. Une sœur souriante arrive, nous invite à entrer dans une grande salle lumineuse, où les chaises sont disposées en cercle, agencement propice à l’échange.
Installation, présentation : Sœur Anne-Chantal qui est moniale depuis 33 ans nous accueille au nom de sa communauté. Le dialogue s’instaure …
Nous découvrons l’histoire de l’abbaye :
– En 1868, quelques moines venant de Mayenne s’installent et bâtissent le monastère Notre Dame de Bonne Espérance. Ils accomplissent un énorme travail d’assainissement des marais et de mise en valeur des terres et bâtissent eux-mêmes trois ailes du monastère. Pour permettre à la population de faire un élevage rentable, ils créent une fromagerie moderne dotée d’une chaudière et de cuves à vapeur. Ils resteront jusqu‘en 1910.
– En 1923, le monastère inoccupé va accueillir la communauté de moniales d’Espira de l’Agly (Pyrénées Orientales), de retour d’exil en Espagne. Les moniales vivent en complète autarcie. Potager, verger, élevage procurent le nécessaire. Grâce à leur dur labeur, elles rénovent les bâtiments et rachètent la fromagerie.
Actuellement, une vingtaine de moniales y vivent. Leur temps se partage entre la prière et le travail.

Voici leur emploi du temps :

4h15 / Vigiles : 1ère prière de la journée
5h15/Oraison
6h30/ Lectio : lecture méditée de la Bible
7h30/Laudes et messe célébrée chaque jour
8h30/Chapitre : réunion communautaire où la Mère Abbesse commente un chapitre de la Règle de Saint Benoît et donne des informations.
9h/Travail
9h15/Tierce : prière courte sur le lieu de travail
9h30/Travail
12h15/Sexte : repas en écoutant une lecture

Repas

14h15/Temps libre pour sieste, promenade, lecture
14h30/None ; après l’office de None, chacune retrouve son travail.
17h/lecture ou prière personnelle
17h45/Vêpres : l’office de Vêpres est la grande louange du soir de l’Eglise
18h30/Repas et temps libre
19h35/Complies : dernière prière liturgique de la journée qui s’achève avec le chant Salve Regina
20h/coucher
Les moniales suivent la Règle de Saint Benoît datant du VIème siècle reprise par Saint Bernard qui fonda l’ordre cistercien en 1210 à l’abbaye de Cîteaux. Une autre réforme est intervenue au XVIIème siècle à l’abbaye de La Trappe pour retrouver la simplicité et l’austérité de la vie cistercienne. Depuis 1892, les monastères trappistes sont regroupés dans l’Ordre de la Stricte Observance.


Les moines de Tibhirine.

Le prieur Dom Christian de Chergé (1er à gauche) ; le médecin, Frère Luc Dochier (4ème en partant de la gauche)

 

La communauté trappiste la plus connue du grand public est celle de Tibhirine en Algérie dont les sept Frères ont été retrouvé assassinés en mai 1996 pour être restés fidèles à leur foi. Leurs photos sont affichées sur un mur de la salle où nous nous trouvons. Sœur Anne-Chantal nous précisera qu’elle a bien connu le prieur Dom Christian de Chergé et que le médecin, Frère Luc Dochier, était un homme remarquable. Les images du film « Des hommes et des dieux » réalisé par Xavier BEAUVOIS-Cannes 2010- nous reviennent en mémoire, en particulier les chants, les prières et tout le travail effectué par ces moines.

images

 

A l’abbaye d’Echourgnac, le travail est principalement consacré à l’affinage des fromages et à la confiserie. Ces produits sont proposés dans la boutique où affluent les visiteurs On y trouve aussi des livres et articles religieux de même que divers produits confectionnés dans d’autres abbayes. Les moniales assurent ainsi leur autonomie financière. Par ailleurs, elles s’occupent aussi du potager, du verger, de l’entretien des bâtiments…

 

De plus, conformément à la Règle de Saint Benoît, elles accueillent, depuis dix années, des hôtes qui désirent faire des périodes de retraite.
Sœur Anne-Chantal insiste plusieurs fois sur le fait que la vie monastique ne diffère pas de la vie que nous menons dans le monde. Il faut que le travail soit fait, que les finances soient saines, que les travaux de réfection des bâtiments soient prévus.
La répartition du travail est faite entre les moniales sous la direction de la Mère Abbesse qui est élue pour deux ans ; la même sœur peut exercer cette charge au maximum 6 ans avec une limite d’âge fixée à 75 ans.
A la question portant sur la vie de moniale et les relations entre moniales, Sœur Anne-Chantal répond qu’il faut s’adapter aux autres pour vivre en communauté, comme c’est d’ailleurs le cas dans la vie « normale ». Pour tenter de comprendre leur vocation et leur vie, il faut « apprendre à entrer dans une autre logique ».
Sœur Anne-Chantal est sereine, simple, elle trouve les mots justes, elle écoute attentivement chaque question, marque un temps de silence et répond avec franchise à des questions plus personnelles : elle est rentrée à 23 ans dans cet ordre religieux. Normalement, une moniale passe sa vie dans la même communauté, mais ce n’est pas le cas pour sœur Anne-Chantal. Elle a dû changer de communauté, est partie à Madagascar comme infirmière avant de rejoindre Echourgnac.
Une fois la rencontre terminée, chaque personne présente a marqué un temps de silence avant de revenir « sur terre ».

 

 

Il ne nous reste plus qu’à découvrir l’église dont l’intérieur entièrement blanc et moderne invite à la méditation et à la prière. Cet édifice, d’un grand dépouillement et d’une remarquable pureté a fait l’objet récemment de travaux de rénovation.

 

 

 

 

lien : https://www.abbaye-echourgnac.org

 

7 commentaires sur “Echourgnac: un voyage hors du temps

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  1. Article particulièrement intéressant qui donne envie de passer
    quelques jours dans ce monastère .
    De plus cette communauté de moniales est à
    priori très proche des moines de Tiberine lâchement
    assassines et visiter ce monastère avec ces religieuses
    qui contribuent à le faire vivre c est un peu
    leur rendre hommage et continuer à avoir
    une pensée pour eux .Pour cela aussi merci
    d avoir choisi ce lieu pour partager .
    Ernest

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